Jean-Simon Peynaud, verrier et artiste touche-à-tout méconnu

Moins connu qu’un certain Emile Gallé ou Daum, Jean-Simon Peynaud (1869-1952) est un artisan talentueux dans le domaine de la faïencerie, la porcelaine et les cristaux. Artiste touche-à-tout, Jean-Simon Peynaud nous a laissé quelques œuvres d’exception qui font rarement irruption dans les ventes aux enchères.

Il existe très peu d’écrits sur la vie de Jean-Simon Peynaud, tout comme ses œuvres que l’on retrouve dans les salles des ventes en France ou dans d’autres pays comme l’Allemagne ou les Pays Bas.

Sans prétendre avoir le génie des maîtres verriers de son époque, Peynaud a produit des pièces de verrerie empruntes de l’Art nouveau.

La vie d’un artiste multidisciplinaire

Jean-Simon Peynaud est né le 6 septembre 1869 à Lauzun, en Lot-et-Garonne. Fils de François Peynaud, ferblantier et de Louis Perry, Jean-Simon est issu d’une famille composée de trois frères (Jean-Simon, Jean-Paul et Jean-Maurice), l’homme s’intéresse rapidement au dessin.

La famille Peynaud restera quelques années à Lauzun, mais le nom de Jean-Simon n’apparaît plus avec ceux de sa famille au recensement de 1886.

Plus tard, on saura que Jean-Simon Peynaud a pris des cours à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, où il obtient une deuxième distinction dans la catégorie « Dessin d’après le modèle en relief, deuxième division, tête de masque », dans le cadre du concours du 20 juillet 1886.

Cette année-là, Jean-Simon a concouru avec Gaston Schnegg (2e grand prix de sculpture), Henri Hamm (accessit de sculpture décorative), et Edmond Tuffet (prix de sculpture décorative).

L’on ne saura dire si Jean-Simon Peynaud a suivi un cursus complet, on peut juste affirmer son inscription en 1886, grâce au prix qu’il a obtenu. Puisqu’il n’a pas eu d’autres prix les années suivantes, aucune mention de son nom n’est apparue dans les documents de l’établissement.

Néanmoins, le recensement de 1891 confirme que Jean-Simon habite avec ses parents rue Beaufleury à Bordeaux, et est « sans profession ». Le 12 novembre 1892, Jean-Simon Peynaud épouse Jeanne Kirech, et le couple demeure au 25 bis, rue Beaufleury.

Son acte de mariage atteste qu’il est désormais « peintre et soldat de la disponibilité ». Le recensement militaire de Bordeaux de 1889 précise que Jean-Simon est artiste peintre, et exempté puisqu’ayant un frère sous les drapeaux au 3e Régiment d’infanterie de marine.

Jean-Simon Peynaud : un artiste touche-à-tout

Il semble que la famille de Jean-Simon Peynaud n’a pas pu vivre uniquement de son art, il va se lancer dans d’autres activités telles que la porcelaine et les cristaux.

Cette information est confirmée par La Céramique et la Verrerie, Journal Officiel de la Chambre Syndicale (1895).

Jean-Simon va corroborer cette information lors du recensement de 1896, où il se déclare « marchand de vaisselle ».

L’acte de naissance de ses enfants précise que Jean-Simon Peynaud est peintre en décors (une catégorie située entre peintre artiste et peintre en bâtiment), et c’est sa femme qui s’occupe de la porcelaine au 19, route de Toulouse.

La Céramique et la Verrerie confirmeront la liquidation judiciaire de l’atelier de porcelaine de Jean-Simon Peynaud le 3 juin 1896.

Dès 1898, la famille Peynaud emménage au 12-14, rue d’Alzon, et déclare au recensement de 1901 comme étant peintre, alors que l’Annuaire de la Gironde le classifie dans la catégorie « Porcelaine et travaux artistiques ».

Jean-Simon semble alors persister à travailler dans sa vocation première : la peinture et la décoration.

Il expérimente son art sur d’autres supports que le papier ou la toile, et essaie les émaux.

Plus tard, Jean-Simon Peynaud s’installe au 56, rue Guillaume Leblanc, où il se présente parmi les « peintres et doreurs en porcelaine », dans la catégorie des établissements de faïence et poterie.

Dans les recensements des années suivantes, Jean-Simon sera « céramiste », « industriel patron » ou « décorateur patron ».

Après le recensement de 1931, le nom de Jean-Simon Peynaud n’apparaît plus, mais sa petite-fille Jeanne Cortambert affirme qu’il a organisé des cours de peinture sur porcelaine, et se consacrait surtout à l’art du décor sur verre. Il se focalise sur le verre artistique, dont une partie est émaillée ; ainsi qu'une verrerie de table, gravée à l'acide.

Jean-Simon Peynaud meurt le 17 novembre 1952 à Bordeaux, alors qu’il était directeur d’une société de transport de passagers, reliant Bordeaux à Saint-Laurent-du-Médoc, société qui sera vendue au transporteur régional Citram.

Jean-Simon Peynaud et le verre

L’histoire se souviendra longtemps de l’intégration de Jean-Simon Peynaud dans la faïencerie Bordelaise Vieillard, installée quai de Bacalan.

Pendant qu’il œuvre pour cette faïencerie bordelaise, Jean-Simon Peynaud produit un certain nombre de pièces de verrerie usuelles et des formes proches du style d’Amédée de Caranza, un grand verrier de l'époque.

Ce dernier a également travaillé pour la manufacture Vieillard, mais va s’installer à son compte pour travailler le verre dans son atelier du 145, cours Balguerie.

En 1860, la manufacture de Jules Vieillard se lance dans la production de verrerie « de bouteilles en verre noir et verre clair » ; tandis qu’Amédée de Caranza produit principalement des vitraux émaillés.

Caranza ne restera pas longtemps à Bordeaux, mais l’on estime qu’il a travaillé avec Jean-Simon Peynaud dans l’atelier de Vieillard.

Vers la fin du XIXe siècle, Peynaud se lance dans le mouvement artistique de l’Art nouveau ou le Jugenstil en Allemagne.

Sans prétendre rivaliser de talents avec les as de l’Ecole de Nancy comme Louis Majorelle, Victor Prouvé, Antonin Daum, Jacques Gruber, ou encore les artistes célèbres de l’Art nouveau tels que René Lalique ou Koloman Moser, Jean-Simon Peynaud produira des pièces de verrerie d’une beauté exceptionnelle.

Il va présenter des vases, des coupes, des flacons, des soliflores, des pieds de lampes, des bonbonnières et des boîtes en verre opalisant, givré et dégagé à l’acide. Ses œuvres arborent des décors multicolores représentant des fruits, des fleurs, des scènes de vie ou des paysages.

Jean-Simon Peynaud : la signature d’un peintre sur verre

Les nombreux essais de Peynaud prouvent que l’artiste a d’abord misé sur la porcelaine pour faire vivre sa famille. Les peintures et les porcelaines portant sa signature restent toutefois très rares, à l’instar de son plat Vieillard en émaux en relief, en faïence et non en porcelaine.

Quelques pièces de verrerie décorées circulent encore sur le marché de l’art avec, comme signature, son nom en lettres calligraphiées. Une pièce unique comporte la mention « J.S. PEYNAUD », sous-titré « BORDEAUX ».

Il est plus probable d’affirmer que Jean-Simon Peynaud ne fabriquait pas du verre comme les maîtres-verriers et cristalleries comme Portieux, Vallerysthal ou encore Désiré Christian. Il faisait concevoir des supports aux propriétés précises (catégorie de verre, dimensions, formes…) qu’il décorait après. L'entreprise Peynaud, située rue Héron, à Bordeaux, a surtout été très active entre 1910 et 1935.

Ainsi, il semblerait que Jean-Simon Peynaud n’a jamais eu sa propre verrerie, les seules verreries à proximité de son domicile-atelier étaient la Verrerie du Hautoir, Fronsac et Montauzié, ainsi que les Verreries mécaniques de Bordeaux et du Sud-Ouest. Il faut savoir que Jean-Simon Peynaud n'a jamais réalisé de pâte de verre, même si l'on peut trouver certaines œuvres en pâte de verre… signées Jean-Simon Peynaud.

Force est de reconnaître qu'aussi talentueux qu'il fut, Jean-Simon Peynaud n'a jamais appris les techniques complexes du travail du verre à chaud, comme le font les cristalleries célèbres telles que la Cristallerie Baccarat, la Cristallerie Lalique, la Cristallerie Daum ou encore la Cristallerie Saint-Louis.

Il utilise le verre comme support créatif, ignorant les rouages de la technique approfondie du verre chaud (comme ce fut le cas des frères Vessiere).

Cette conclusion de la revue de Sèvres, Revue de la Société des Amis du musée national de Céramique n°21 . 2012 résume l’art de Jean-Simon Peynaud en quelques mots : « Pour qu’il soit enfin reconnu, pourquoi exiger plus de Jean-Simon Peynaud que d’autres artistes décorateurs avec lesquels la postérité a été plus indulgente ? » Claude Mandraut, Journaliste.

Quels prix pour les vases signés Peynaud ?

Les prix des vases portant la signature de Jean-Simon Peynaud peuvent être différents pour un modèle identique, en fonction de la rareté de certains décors et formes, des finitions, de l’état de conservation de la pièce…

Certaines pièces conçues dans le style Art Déco sont très rares et très recherchées, ce qui augmente considérablement leurs prix, notamment celles aux décors éléphant ou singe.

Dans tous les cas, force est de reconnaître que les pièces de verrerie de Peynaud ont un certain charme, avec des finitions minutieuses pour certaines scènes de vie.

Certains vases Peynaud coûtent chacun seulement 50 €, tandis que d’autres peuvent valoir dans les 500 €.

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