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La cristallerie de Portieux, la modeste verrerie de François Magnien

Située dans les Vosges, au cœur de la forêt de Charmes-sur-Moselle, la cristallerie de Portieux fut l’une des références dans le domaine de la verrerie et cristallerie du XVIIIème siècle.

Tout comme la cristallerie Baccarat et la cristallerie de Vallerysthal, le luxe et le raffinement sont les mots d’ordre de la manufacture de Portieux, qui a vu le jour en 1690.

La qualité de ses productions a permis à l’enseigne de gagner la médaille d’or lors de l’Exposition universelle de 1878.

Retour sur l’histoire de la cristallerie de Portieux, la plus grande manufacture des Vosges des années 1800.

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Histoire de l'origine de la cristallerie de Portieux 

Si l’invention du verre remonte à plusieurs milliers d’années avant Jésus-Christ, la verrerie est un secteur d’activité qui s’est particulièrement développé au XVème siècle.

Dès le XIVème siècle, des propriétaires de forêts, souhaitant tirer profit de leurs propriétés, ont cherché à attirer les maîtres-verriers en provenance du Moyen-Orient, et leur ont proposé les matières nécessaires à la fabrication de verre.

Bordée par des massifs forestiers importants, la Lorraine est devenue, au XVème siècle, la terre promise pour les maîtres-verriers. L’abondance de forêts permet en effet d’alimenter les fours, très gourmands en bois.

Les sols de la région Lorraine fournissent également la matière première nécessaire à la fabrication du verre : la silice. La cristallerie de Portieux est située au cœur de la forêt de Charmes, dans la commune de Portieux, dans le département des Vosges (région Lorraine).

Dès 1448, la Lorraine avait accordé de nombreux privilèges aux verriers, qui étaient alors assimilés à la noblesse. L’industrie de la verrerie pouvait puiser le bois et l’eau nécessaires pour sa production.

Parmi ces privilèges figure l’autorisation de création d’une verrerie sur le site de Portieux, dont François Magnien va bénéficier. Ce verrier se verra accorder d’autres privilèges pour amener la manufacture au succès.

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Trois verreries Portieux

La première manufacture sera ainsi érigée dans la commune de Portieux, et est consacrée à la réalisation de gobelets.

Une deuxième verrerie sera établie à 4 km de Portieux en 1710, près de la forêt de Ternes, au lieu-dit « la fontaine de Viller », sur la rive gauche du Mori. Ce deuxième atelier, appelé « verrerie des bois », sera dédié à la fabrication de verre à vitre.

Sur demande du Duc de Lorraine, une troisième verrerie voit le jour en 1714, pour la fabrication de glaces à miroirs, des carrosses, des carreaux pour vitrages en bois et en plomb, ainsi que des verres ronds pour vitre.

En 1718, il a été décidé la fermeture de l’usine de la commune de Portieux et de celle de la fontaine de Viller, pour avoir une seule manufacture regroupant les deux premières. Le Duc de Lorraine offre ainsi 9 000 livres à François Magnien pour agrandir la nouvelle verrerie.

Autour de cette nouvelle manufacture baptisée « Magnienville » que vont se regrouper les ouvriers, c’est l’emplacement de la cristallerie actuelle.

La verrerie bénéficie alors d’une extension de la durée de ses privilèges : « Léopold, à nos chers et bien aimés les sieurs François Magnien, Joseph Crétal, prévôt de Châtel, François Dordelu, et François Dubois, gentilhomme verrier demeurant à Portieux… Et, à cet effet, avons par grâce spéciale et en faveur de ladite société, prorogé encore pour vingt années les privilèges par nous accordés, sur ce, audit Magnien… »

Léopold, Duc de Lorraine, le 22 juillet 1718

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Le début des difficultés de la verrerie de Portieux

Quelques années plus tard, en 1729, François III de Lorraine révoque les privilèges accordés aux verriers, dont ceux de François Magnien. Celui-ci aura toutefois le droit de finir son bail.

Mais la verrerie sera affermée la première fois en 1739 à quelques associés, dont le propriétaire de la Faïencerie de Lunéville, Jacques Chambrette. Un arrêté de 1767 considère royale, la verrerie de Portieux.

François Lamy reprend le bail en 1770, et en confie la direction à son gendre Jacques Bour dès 1778. Le succès n’étant pas au rendez-vous, il s’associe avec le directeur de la verrerie de Sainte-Anne pour se manifester contre l’augmentation du prix du salin et la baisse de qualité de celui-ci.

Suite à la Nuit du 4 Août 1789, supprimant tous les privilèges féodaux, la manufacture de Magnienville perd tous les avantages offerts par la cour de Lorraine, y compris le droit de prélever du bois pour l’alimentation des fours…

Cette année de la Révolution française fut dure, accentuée par un hiver rude, de mauvaises récoltes, l’inflation, une crise des consommations des produits de l’artisanat, ainsi qu’une crise économique globale. Les produits s’accumulent en stock dans les verreries, le taux de chômage augmente… mais la manufacture de Portieux résiste mieux que les autres.

La population se réjouit que toutes les manufactures privilégiées soient entrées dans le droit commun. Ainsi, le domaine de Magnienville est devenu « bien national », mais sera racheté par ses anciens directeurs en 1796 (François Lamy et Jacques Bour).

Ces derniers feront également acquisition du monastère de Belval, situé entre Portieux village et la Verrerie.

Le XIXème siècle de la Verrerie de Portieux

Après la révolution française, la verrerie de Portieux vit dans des conditions dures : concurrence nationale et internationale, difficultés d’approvisionnement en bois pour les fours… L’usine a dû rénover ou moderniser ses fours et ses halles à plusieurs reprises.

Toujours dans des conditions de travail très dures, le nombre d’ouvriers augmente, et le parc immobilier doit être étendu pour recevoir tout ce nouvel effectif.

S’il y avait 19 verreries dans les Vosges avant la révolution, en 1802, il n’en demeure que six !

Néanmoins, cette année, le préfet des Vosges affirme que Magnienville est en pleine activité, et est gérée par des propriétaires à la fois riches et intelligents.

À l’époque, la verrerie de Portieux ne comptait que 74 ouvriers.

En 1820, le gendre de Bour, Jacques Mougin, prend les rênes de la société, suivi par son fils Edouard en 1846, qui changera le nom de la manufacture en « société des verreries de Portieux ».

Le petit-fils Xavier Mougin sera à la tête de la société en 1867.

La manufacture de Portieux et son alliance avec Vallerysthal

C’est Xavier Mougin qui va initier l’association avec la cristallerie de Vallerysthal en 1871, sous la présidence de Georges Chevandier de Valdrome. Cette décision fait suite à l’annexion de la Moselle par l’Allemagne.

La même année, la ligne de chemin de fer de Charmes à Rambervillers est inaugurée, facilitant l’approvisionnement de l’usine en combustible. Si Xavier Mougin était en même temps actionnaire dans la compagnie de chemin de fer, ses fils, les frères Mougin étaient engagés comme céramistes dans la Faïencerie de Lunéville-Saint-Clément.

La cristallerie de Vallerysthal est établie en Lorraine depuis 1707, c’est l’une des plus anciennes verreries d’Europe. L’alliance Portieux-Vallerysthal était en réalité une vente, puisque les propriétaires de Portieux avaient envie de vendre, tout comme ceux de Vallerysthal voulaient acheter.

Néanmoins, ce rapprochement a permis d’obtenir une nouvelle dynamique pour la maison, cumulant les techniques, les talents, les idées et le savoir-faire des ouvriers des deux cristalleries, qui étaient alors au nombre de 2 200.

Des logements pour les ouvriers seront construits dès 1874, et l’enseigne sera récompensée d’une médaille d’or à l’exposition universelle de 1874, faisant de Portieux-Vallerysthal la première gobeleterie médaillée d’or.

Les produits de la maison attirent les personnalités des différentes classes, notamment la Grande Duchesse de Wladimir, épouse du frère du Tsar Nicolas II.

La cristallerie de Portieux au XXème siècle

Après la guerre de 1870, la cristallerie doit payer une énorme taxe de guerre à l’Empereur Prussien. Néanmoins, cette année 1870, Nancy s’affiche comme le premier point d’accueil des Alsaciens-Lorrains souhaitant rester français.

Le traité de Francfort (1871) va faire de Nancy un véritable vivier de compétences, de main-d’œuvre, de savoir-faire et de capitaux. La cristallerie Daum illustre la réussite parfaite de ce transfert de potentiels.

Les années qui s’ensuivent constituent l’apogée de l’art verrier et des mouvements artistiques comme l’Art nouveau et l’Art déco.

Pour ces deux courants, certains noms d’illustres maîtres-verriers et de cristalleries sont retenus par l’Histoire comme de véritables fondateurs ou adeptes : Emile Gallé, Lalique, les frères Daum, la cristallerie de Baccarat, Désiré Christian, Jean-Simon Peynaud…

La cristallerie de Portieux ferme définitivement ses portes en 2021.

Avec plus de 8 000 références, les produits de la cristallerie de Portieux sont reconnus pour leur finesse, leur élégance et leur finesse. Ces œuvres d’art ont orné les plus grands restaurants gastronomiques de France et du monde.

Pour en savoir plus sur l’art verrier : la cristallerie de Baccarat

Si vous visitez la ville de Nancy et l’EcoMusée de Portieux, n’oubliez pas d’en profiter pour découvrir la cristallerie Baccarat.

Entreprise verrière et manufacture de cristal de notoriété mondiale, la cristallerie Baccarat est LA référence en matière d’art de vivre à la française. L’enseigne produit depuis 1764 des pièces d’exception, des bijoux, des services de table, des verres à vin, des arts de la table… avec un savoir-faire unique et inégalé.

La manufacture Baccarat dispose également d’un musée de la manufacture de cristal Baccarat, situé au 2, rue des Cristalleries, à Baccarat.

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