Formés par les plus grands verriers : Emile Gallé, Baccarat, Sèvres, Daum et Meisenthal, les frères Muller sont des artistes aux multiples talents. Adeptes du courant Art Nouveau, ils deviendront des figures marquantes du renouvellement de l’Art déco du XIXe siècle. Décryptage d’une histoire de famille…
Fondatrice de la verrerie Muller Frères de Lunéville, la famille Muller est composée de 9 frères et d’une sœur.
Tous seront formés aux différents métiers du travail du verre, mais seuls quelques-uns seront retenus par l’histoire : Eugène Muller (1883-1914) doué et talentueux, Henri Muller (1868-1936) qui dirigera la manufacture, ainsi que Désiré Muller (1877-1952), également artiste de talent.
Utilisant des techniques aussi variées que révolutionnaires, les frères Muller vont produire des pièces d’une beauté unique.
Partons à la découverte de l’histoire de cette famille de verriers talentueux, et dont les œuvres sont actuellement très recherchées…
Les Muller de Lunéville, l’histoire d’une grande famille de verriers
A part Eugène, Henri-Victor (dit Henri), et Désiré, la famille Muller avait également d’autres frères et sœur.
Il s’agit notamment de :
- l’ainé Emile (1866-1923)
- de Nicolas (1869-1922) dit Camille
- d’Auguste (1871-1872)
- de Jean (1872-1932)
- d’Auguste (1874-1932)
- de Jean-Pierre (1875-1946) dit Pierre
- de Jean-Désiré (1877-1952) dit Désiré
- de Victor (1880-1935)
- et d’Anne-Catherine (1881-1964) dite Catherine.
Les frères aînés Muller, Emile, Henri et Désiré sont engagés par Emile Gallé comme commis ou graveurs-décorateurs sur verre.
Sous les ailes de Désiré Christian, la famille Muller sera formée à l’art du verre à la verrerie de Meisenthal et à la cristallerie de Saint-Louis.
Après avoir cumulé des expériences auprès de la manufacture d’Emile Gallé, Henri Muller arrive à Lunéville en 1895, et fonde un atelier de gravure, rue Sainte-Anne.
Désiré et Eugène le rejoindront plus tard, en 1904.
L’histoire a voulu que la production verrière d’Henri Muller soit très similaire à celle d’Emile Gallé ou des frères Daum, mais il n’existe pas de preuves concrètes pour confirmer cette version.
Néanmoins, Emile Gallé confirme que les frères Muller sont partis de sa manufacture avec des dessins en 1897 ; il leur interdira d’ailleurs d’intégrer le cercle très fermé de l’Ecole de Nancy (l’Alliance provinciale des industries d’art).
Henri Muller s’associe avec la verrerie de Croismare, et entre en concurrence directe avec Emile Gallé, fondateur et premier président de l’Ecole de Nancy.
En 1899, le collectionneur et ami d’Emile Gallé, Henri Hirsch dit à Gallé qu’il confondrait facilement les œuvres de ce dernier avec les pièces signées « Muller à Croismare ».
A cette annonce, Emile Gallé répondra : « Le misérable qui mène la bande a dû prendre dans mes livres une masse de notes et de même mes recettes, pourtant sous clef », sous-entendant que les frères Muller ont emporté avec eux des secrets de fabrication propres à la manufacture Emile Gallé.
La Verrerie de Croismare
Les frères Muller commencent à concevoir leurs propres productions au début du XXe siècle.
Ainsi, ils assurent la décoration de leurs vases en cristal et lampes en pâte de verre, une fois les pièces soufflées et manipulées par leurs ouvriers.
Leur fratrie doit sa réussite à l’investissement de chaque frère, rivalisant de talents et d’imagination pour forger des œuvres d’une qualité exceptionnelle. Travaillant avec passion et ténacité, les frères Muller deviendront de véritables spécialistes du verre, et atteindre le sommet de la gloire.
Les frères Muller vont jusqu’à graver 7 couches dans le verre pour obtenir des pièces d’exception en 1900.
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La cristallerie Muller et l’Art Nouveau
À l’avènement du mouvement artistique Art Nouveau, les frères Muller continuent de souffler le verre dans la verrerie dénommée Gobeleterie Hinzelin.
En 1910, ils établiront une nouvelle verrerie à Lunéville ; toutes deux spécialisées dans la verrerie d’art.
Les pièces produites par les deux manufactures Muller démontrent leurs talents et leur technicité, mais les similitudes avec les œuvres de Gallé demeurent flagrantes, qu’il s’agisse de leurs vases en cristal, bibelots ou de leurs lampes typiquement Art Nouveau.
Pour façonner leur production, les frères Muller usent de différentes techniques comme la taille à la roue, le verre multicouche, ainsi que la gravure à l’acide fluorhydrique.
Les pièces sont inspirées de la nature, et arborent généralement un polissage au feu pour accroître leur brillance.
Entre 1905 et 1908, Eugène et Désiré Muller intègrent l’atelier de décoration des cristalleries du Val-Saint-Lambert en Belgique.
Ainsi recrutés par le directeur Léon Ledru, ils seront chargés de produire une série de verrerie de décoration aux styles Ecole de Nancy et Art Nouveau.
À cette période, les frères Muller développent et perfectionnent la technique de la « fluo gravure », consistant à attaquer le verre avec de l’acide fluorhydrique.
L’Art Déco selon les frères Muller
Après la Première Guerre mondiale, les manufactures des frères Muller sont florissantes, employant environ 300 ouvriers. Avec l’avènement du mouvement Art Déco dans les années 1920, leur production est plus orientée dans la création de plafonniers en verre marmoréen et des pièces en verre moulé ; avec des montures en fer forgé, en bronze ou en laiton.
Les frères Muller produiront également des garnitures de toilette, des flacons de parfum et des vaporisateurs qui attirent beaucoup la population de l’époque. Mais, la manufacture continue de concevoir des œuvres artistiques.
Suite à la crise économique des années 1930, la société des frères Muller tombe en faillite. En 1933, Daum rachète l’usine de Croismare, qui fermera également vers la fin de l’année 1934. Celle-ci sera transformée en centre d’apprentissage de l’art de la verrerie dans les années 1950.
La signature des frères Muller de Lunéville
Les œuvres véritablement conçues par les Muller et leurs maîtres verriers sont signées de différentes façons :
- « Muller Croismare » pour la production de la Gobeleterie Hinzelin (avant 1914) ;
- « Muller Frères Lunéville » à partir de 1919 ;
- « Muller Fres » ou « Muller Fres Lunéville » pour certaines pièces rares.
Certains lustres produits par les frères Muller entre les années 1910 et 1920 portent également la mention « GV de Croismare », pour Grande Verrerie de Croismare.
Comment reconnaître un vase Muller ?
Les vases Muller sont reconnaissables grâce leurs décors gravés en camée à l’acide, mais la Maison a utilisé d’autres techniques comme la marqueterie et l’émaillage.
Les frères Muller sont également connus pour leur parfaite maîtrise de la gravure à la roue, et de la cémentation au cuivre ou à l’argent.
Les œuvres des frères Muller sont aujourd’hui très recherchées et très convoitées, ce qui accroît régulièrement leurs prix. La prudence est ainsi de mise lorsqu’il s’agit d’acquérir une œuvre d’une telle rareté.
Les copies et les faux Muller frères de Lunéville
Depuis 1990, de nombreuses contrefaçons des œuvres des frères Muller envahissent le marché de l’art, portant des signatures plus ou moins semblables aux signatures authentiques.
Une observation minutieuse de la signature apposée sur chaque pièce vous permettrait d’éviter l’arnaque.
Les faux Muller se reconnaissent toutefois par une piètre qualité du verre, des motifs et des pigments grossiers. Pour éviter le pire, nous vous conseillons de demander une facture en bonne et due forme, qui engage la responsabilité du vendeur.
Où acheter des lustres, des lampes, des appliques, des coupes ou des plafonniers Muller Frères de Lunéville ?
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