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L’œuvre artistique de Jean Prouvé en 10 points

Jean Prouvé est l'un des plus grands créateurs français du XXe siècle. Il a marqué le monde du design avec ses constructions légères et ses créations de meubles innovants. Retour sur son parcours et ses œuvres artistiques.

Dans l’histoire du design français, le nom de Jean Prouvé se démarque et ne s’oublie pas.

Architecte et designer, il est né à Paris le 8 avril 1901. Il est issu d’une famille d’artistes nancéiens. Du coup, l’amour de l’art et le talent coulent déjà dans ses gènes.

En effet, il est le fils du peintre et sculpteur Victor Prouvé et de la pianiste Marie Duhamel. Mais son parrain est également le maître verrier Emile Gallé, mais aussi l’un des principaux fondateurs de l’Ecole de Nancy.

Jean Prouvé commence sa carrière très jeune. A l’âge de 15 ans, il s’initie au métier d’orfèvre auprès du ferronnier Emile Robert à Enghien puis auprès du décorateur Raymond Subes et enfin chez Georges-Adalbert Szabo à Paris.

Il apprend à manipuler le métal, à le plier et à le convertir en objets alliant esthétisme et fonctionnalité. C’est le début d’une passion qu’il l’accompagnera tout au long de sa vie !

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1) Des débuts dans la ferronnerie d’art

Jean Prouvé a marqué son époque avec la réalisation d’œuvres de ferronnerie d’art.

En 1924, après son service militaire, il fonde un petit atelier portant le nom de « Jean Prouvé, ferronnier d’art » à Nancy grâce à une aide financière d’un ami de la famille, Saint-Just Péquart.

Dans cet atelier, il façonne différents objets et menuiseries métalliques comme des grilles d’entrée, des portes, des verrières et des rampes d’escaliers.

Ses premières commandes sont des ferronneries pour des bâtiments privés, dont l’hôtel Thiers de Nancy et  les devantures de boutiques parisiennes.

Dès les premières années, le designer français s’éloigne progressivement du style Art Nouveau et évolue vers un art plus industriel. Pour ce faire, il expérimente de nouveaux matériaux comme l’acier inoxydable.

Rapidement, il va s’intéresser aux diverses techniques de façonnage de la tôle d’acier ce qui lui permet d’obtenir un « corps creux » et des réalisations durables. Grâce à ce matériau, il va créer sa première chaise inclinable en tôle d’acier pliée laquée.

A partir de là, de grands noms de l’architecture sollicitent Jean Prouvé pour diverses réalisations.

C’est le cas de Robert Mallet-Stevens qui passe les commandes d’une grille d’entrée pour l’hôtel particulier Reifenberg à Paris puis des ferronneries escamotables pour la Villa Noailles à Hyères.

Les Cristalleries de Nancy lui ont aussi confié la réalisation de la porte d’entrée et de la rampe d’escalier intérieur de ces nouveaux bâtiments vers 1927-1928.

2) Une évolution vers un art plus moderne

En 1929, Jean Prouvé devient un membre fondateur de l’Union des Artistes Modernes (UAM) aux côtés de figures emblématiques des arts modernes comme Le Corbusier, les frères Martel et Charlotte Perriand.

Présidé par Robert Mallet-Stevens, ce mouvement d’avant-garde a pour vocation de défendre l’alliance entre l’art et la production industrielle.

Au début des années 1930, le designer français utilise du bois et du métal pour concevoir de nombreux éléments de mobilier destinés à des usages domestiques.

Il met au point différentes techniques novatrices à partir de la tôle d’acier pour la fabrication de meubles. On peut citer le principe de structure porteuse en tôle d’acier utilisé pour les chaises.

Les mêmes principes de construction s’appliquent tant à la conception de mobilier qu’à l’architecture. Son but est de créer des meubles et des bâtiments pouvant facilement être déplacés et démontés grâce à des mécanismes d’assemblage astucieux.

Dans cette optique, l’industriel Louis Wittmann fait appel à Jean Prouvé pour meubler le château de Rupt-sur-Moselle.

Viennent ensuite la commandes de rampes, de cloisons et de porte d’entrée pour le nouvel hôtel de ville de Boulogne-Billancourt en 1931, construit par l’architecte Tony Garnier.

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3) Les débuts du mobilier design et sans artifice signé Prouvé

« Créer un mobilier design et sans artifice et le rendre accessible à tous », voilà l’objectif que s’est fixé Jean Prouvé.

Pour ce faire, il prend le temps d’explorer les caractéristiques des différents matériaux comme le métal, le fer forgé ou encore le bois.

L’esthétisme moderne et l’élégance hors du commun de l’artiste se reflètent à travers ses créations emblématiques comme le Guéridon bas, une table basse design de forme circulaire, reposant sur 3 pieds en bois massif.

4) La création de mobilier scolaire

Dans la foulée, Jean Prouvé se spécialise dans la fabrication de mobilier scolaire. Et avec l’augmentation du nombre des commandes, il engage du personnel et investit dans de nouveaux équipements.

Il promet de nombreux avantages à ses nouveaux ouvriers, qui seront maintenus durant la Seconde Guerre mondiale.

Il est aussi allé jusqu’à renommer sa société en « SA des Ateliers Jean Prouvé ».

– Le Fauteuil Cité

Le fauteuil Cité est un meuble fonctionnel et confortable créé en 1930 par Prouvé. Il a été pensé pour permettre aux étudiants d’étudier dans les meilleures conditions.

En prime, le fauteuil est solide et résistant grâce à l’alliage de tôle pliée, d’acier tubulaire et de contreplaqué.

– Le bureau et table Compas, réédité aujourd’hui par Vitra

Le bureau Compas est un bureau d’école avec un dessus en bois rectangulaire, soutenu par quatre pieds en acier courbé. C’est l’exemple typique du design industriel.

Quant à la table Compas, elle combine esthétique, conception simplifiée et praticité. Aujourd’hui, elle continue d’être copiée et revisitée dans le monde entier.

– Le mobilier pour la cité universitaire Monbois à Nancy

Associé à l’architecte Charlotte Perriand, Prouvé est responsable de l’aménagement de 70 chambres la nouvelle résidence étudiante de la cité universitaire Monbois à Nancy en 1933.

– La chaise type « standard » 

Elle a été créée en 1934 pour l’Ecole des sciences politiques de Paris. Elle peut supporter de lourdes charges. Sa production s’étendra jusqu’au début des années 50.

– Un pupitre scolaire à deux places : 

C’est un projet de mobilier destiné à l’Ecole nationale professionnelle de Metz en 1936.

– Le lit Antony

Le lit Antony est confortable et léger, adapté à un usage scolaire. Il a été spécialement conçu en 1954 pour la Cité Universitaire Jean Zay à Antony.

5) Ses premiers pas dans l’architecture

Sans diplôme en architecture, Jean Prouvé fait des débuts prometteurs dans cette discipline à partir de 1935.

Pour commencer, il est chargé de la conception du bâtiment de l’aéroclub Roland-Garros à Buc (Ile-de-France), en collaboration avec les architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods. Il réalise notamment une structure préfabriquée en tôle d’acier pliée.

Toujours en association avec ces deux architectes, Prouvé conçoit la Maison du Peuple de Clichy, l’une des premières réalisations comprenant un mur-rideau (où les murs extérieurs ne sont pas porteurs).

Ce bâtiment intègre une salle de fête, une salle de cinéma, salle de conférence et un marché couvert. Le designer français est aussi en charge des sanitaires, des portes, cloisons et des escaliers. Il s’agit là de l’une des plus belles réussites de Jean Prouvé.

Ce qui fait la particularité des œuvres de Prouvé, c’est qu’elles bousculent les codes de l’architecture traditionnelle. Pour ce designer français, tout peut être mobile, aussi bien une chaise qu’une maison.

Il va pour cela alléger les éléments de structure et d’enveloppe afin qu’ils soient faciles à manipuler sur le chantier. Sa technique sera alors d’appliquer les principes du design industriel à la conception des formes modulaires de ses édifices.

Plusieurs monuments de l’architecture du XXe siècle portent encore aujourd’hui son empreinte, dont la plupart sont classés ou inscrits au titre de monuments historiques.

6) La construction de maisons démontables d’après-guerre

En 1947, Jean Prouvé déménage ses Ateliers dans des locaux plus spacieux à Maxéville, dans la banlieue de Nancy.

Alors que la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, il obtient la commande de maisons en série du ministre de la Reconstruction, Raoul Dautry. Ces maisons répondent à des besoins urgents de logement dans les régions bombardées.

En collaboration avec les architectes Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, ce maître du métal se lance dans la fabrication de maisons légères suivant un principe de construction à portique.

Ce principe de construction sera réutilisé en 1949 pour fabriquer la maison dite « tropicale », de dimensions 6×12 mètres, à usage d’habitation pour le directeur de l’université de Niamey au Niger.

Partis des Ateliers de Jean Prouvé, les éléments de sa structure sont transportés par avion-cargo avant d’être assemblés sur place.

La même année, l’autodidacte réalise un lot de maisons préfabriquées à Meudon (Hauts-de-Seine), à la demande d’Eugène Claudius-Petit, le successeur de Raoul Dautry au ministère de la Reconstruction.

A l’occasion du salon des Arts ménagers de Paris, les Ateliers Jean Prouvé conçoit également des maisons Coques, dont les espaces sont modulables grâce à des portes coulissantes.

7) Jean Prouvé, celui qui a introduit l’aluminium dans la construction

L’aluminium est l’un des matériaux de prédilection de Jean Prouvé. Ce dernier l’utilise régulièrement dans le domaine de l’aménagement intérieur, que ce soit sous la forme de tôle pliée ou de pièces moulées. Mais pas seulement !

Ce maître de l’habitat industriel est aussi l’un des premiers à introduire ce matériau dans le bâtiment.

On lui doit la réalisation de sheds en aluminium en 1951 pour l’imprimerie Mame à Tours, en collaboration avec l’architecte Bernard Zehrfuss.

Cependant, avec l’inflation et le déménagement coûteux à Maxéville, Les Ateliers Jean Prouvé sont endettés et se trouvent en grande difficulté. Pourtant, l’architecte ne désespère pas et continue de repousser les limites de l’architecture.

Preuve en est, en 1954, il reçoit une commande du groupe de l’Aluminium français pour la construction en 21 jours du pavillon du centenaire de l’Aluminium, entièrement en alliage léger, sur les quais de la Seine à Paris.

Ce n’est pas tout, il est également le concepteur des structures en aluminium du Musée-Maison de la culture du Havre, fruit d’une collaboration avec 4 autres architectes et 3 ingénieurs.

8) Des logements bon marché et faciles à construire à Paris pour loger les sans-abris

En 1954, Jean Prouvé s’associe avec le promoteur Jean-Claude Aron et les architectes Michel Bataille et Serge Kétoff pour fonder la société « Les Constructions Jean Prouvé » à Paris.

C’est à cette époque qu’il acquiert un terrain à Nancy et construit sa propre maison. Il s’agit d’une maison longue et étroite, conçue à partir de ses matériaux phares : le verre, l’aluminium, le bois et la tôle.

Les éléments de la construction et les pièces utilisés sont récupérés dans son ancienne usine et proviennent de ses précédents projets comme les panneaux perforés des maisons tropicales et la structure à portique.

Pendant ce temps, le prêtre français l’abbé Pierre fait appel à la solidarité en vue de construire des habitations pour les sans-abris.

Il demande à Prouvé de réaliser un prototype de la « Maison de Jours Meilleurs » : une habitation d’urgence simple à monter, transportable, composée d’un toit en aluminium et de panneaux de bois thermoformé.

Mais n’ayant pas obtenu l’agrément du Centre scientifique et technique du bâtiment, elle restera à l’état de prototype.

9) Toujours dans l’optique de réaliser des architectures économiques

Au début des années 60, Jean Prouvé exerce le métier d’ingénieur-conseil et continue de concrétiser des projets de grandes envergures tels que la conception de :

  • La buvette de la source Cachat à Evian, en Haute-Savoie, (1956)
  • Le Centre des nouvelles industries et technologies à Puteaux, Haut-de-Seine (1956)
  • La maison Seynave à Grimaud, dans le Var (1961)
  • Le Club des Espérances à Ermont, Val-d’Oise (1967)
  • L’hôtel de ville de Grenoble, bâtiment à 15 étages (1967)
  • La « toiture réticulaire à surface variable » et le « tabouret » pour le Centre d’exposition Alpexpo à Grenoble (1968)
  • La Tour Nobel (1968-1984) sur les bords de la Seine : le savoir-faire Prouvé transparaît pleinement dans cette œuvre
  • Les pavillons de stations-service cylindriques conçus pour Total (1970)
  • Le centre Georges Pompidou (1971) : un monument qui reproduit les principes chers à Prouvé comme la façade rideau, les panneaux modulaires et la structure en acier plié.
  • La structure du Palais omnisports de Paris-Bercy à Pais (1979)

A l’étranger, Jean Prouvé apporte aussi son expertise dans de grands projets architecturaux, notamment pour le palais du gouvernement en Algérie, la construction d’un hôtel de la légation française à Ottawa (Canada) ou celle d’un pavillon français de l’Exposition universelle de New-York.

10) Aujourd’hui, Jean Prouvé continue de vivre à travers ses œuvres

Jean Prouvé s’est éteint à l’âge de 82 ans, le 23 mars 1984 à Nancy et inhumé au cimetière de Préville dans la même ville.

Véritable artisan du métal en son époque, son nom est aujourd’hui gravé dans l’histoire du design français.

Mais par-dessus-tout, c’est un modèle à suivre et une véritable source d’inspiration pour les jeunes designers d’aujourd’hui.

On gardera de lui son œuvre prolifique qui continue d’être présentée dans le cadre d’expositions en France et dans le monde entier.

C’est le cas de l’exposition Home Delivery : Fabricating the Modern Dwelling en 2008 à New York et celle présentée au Centre Pompidou à Paris en 2018.

La ville de Nancy célèbre aussi sa mémoire à travers des expositions posthumes comme l’exposition « JEAN PROUVE ARCHITECTURE » en 2010. Sans parler des galeries permanentes consacrées à son œuvre au Musée de l’histoire du Feu près de Nancy.

Son œuvre est également commémorée au Musée de l’Ecole de Nancy en 2012 et au Musée des Beaux-Arts de Nancy en 2012. La même année, les marques G-star et Vitra proposent une version remaniée de son œuvre « lit Flavigny » dessinée à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

A l’étranger, on peut citer l’exposition Jean Prouvé the constructor à Tokyo et celles au Museum of Modern Art à New York.

 

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